Introduction : qu’est-ce que la douleur facettaire ?
La colonne vertébrale comporte, entre chaque vertèbre, de petites articulations appelées articulations facettaires (ou zygapophysaires). Elles permettent les mouvements de glissement et de rotation, tout en contribuant à la stabilité du rachis.
Ces articulations peuvent devenir une source de douleurs chroniques lombaires lorsque surviennent une dégénérescence, une surcharge mécanique, une inflammation ou de microtraumatismes. Dans certains cas, on observe même un œdème de la moelle osseuse (bone marrow edema) autour de ces structures.
Les options thérapeutiques classiques incluent :
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la kinésithérapie, la thérapie manuelle, les exercices ciblés
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les médicaments antalgiques ou anti-inflammatoires
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les infiltrations (corticoïdes, radiofréquence)
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la chirurgie dans les cas les plus sévères
Cependant, tous les patients ne répondent pas favorablement ou ne souhaitent pas recourir à des procédures invasives. D’où l’intérêt pour des alternatives non invasives comme la thérapie par ondes de choc extracorporelles (ESWT).
La nouvelle étude — que disent les chercheurs ?
En juillet 2025, une équipe composée de Tomas Nedelka, Jakub Katolicky, Jiri Nedelka, Paul Hobrough et Karsten Knobloch a publié dans l’International Journal of Surgery une étude randomisée, contrôlée contre placebo, sur l’efficacité de l’ESWT dans la prise en charge de la douleur facettaire chronique.
Principaux points du protocole :
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128 patients souffrant de douleurs facettaires chroniques confirmées par blocs diagnostiques
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Répartition aléatoire en deux groupes :
• ESWT réelle : ondes focalisées à haute énergie (0,35 mJ/mm², 1 200 impulsions par séance), 5 séances hebdomadaires
• Sham (placebo) : traitement simulé -
Critères d’évaluation : intensité de la douleur (VAS), invalidité fonctionnelle (ODI), composante neuropathique (PainDETECT), et imagerie IRM (avant et après 6 mois)
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Suivi à 2, 6 et 12 mois
Résultats — des données encourageantes
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Douleur (VAS) : diminution moyenne de 64,4 % dans le groupe ESWT après 12 mois, contre une amélioration nettement moindre dans le groupe placebo
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Fonction (ODI) : amélioration de 42,3 % dans le groupe ESWT, contre seulement 12,5 % dans le groupe placebo
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Symptômes neuropathiques : réduction significative des scores PainDETECT (de 18,3 à 10,2 en moyenne) chez les patients traités par ondes de choc
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IRM : disparition de l’œdème médullaire visible dans 58,8 % des cas du groupe ESWT (aucune amélioration comparable dans le groupe placebo)
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Tolérance : aucun effet indésirable majeur signalé
Interprétation et implications
Cette étude apporte plusieurs enseignements :
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Une option non invasive, aux effets durables
L’ESWT a montré non seulement un soulagement significatif de la douleur, mais aussi un maintien de l’efficacité à un an. -
Un impact structurel
L’amélioration des images IRM suggère que le traitement agit au-delà de la simple analgésie, en influençant les processus inflammatoires et structurels. -
Bénéfice sur la composante neuropathique
Le recul des symptômes neuropathiques renforce l’intérêt de l’ESWT pour des douleurs complexes. -
Un bon profil de sécurité
L’absence d’effets secondaires graves est rassurante, surtout en comparaison avec des approches invasives comme la radiofréquence. -
Questions ouvertes
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Applicabilité à d’autres types de lombalgies chroniques
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Effets au-delà de 12 mois (2–3 ans ?)
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Rapport coût-efficacité face aux infiltrations ou à l’ablation
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Pour quels patients ?
L’ESWT pourrait intéresser les patients présentant une douleur facettaire chronique confirmée, n’ayant pas répondu aux traitements conservateurs, et souhaitant éviter des interventions invasives.
Bien sûr, la décision doit être individualisée : chaque patient est unique, avec ses propres antécédents et contre-indications.
Conclusion
L’étude de Nedelka, Katolicky, Hobrough & Knobloch (2025) démontre que l’ESWT à haute énergie constitue une option prometteuse pour la douleur facettaire chronique.
Elle combine soulagement durable, amélioration fonctionnelle, réduction des symptômes neuropathiques et même des changements structurels visibles à l’IRM.
Cette approche non invasive pourrait, dans les prochaines années, trouver une place plus importante dans l’arsenal thérapeutique des lombalgies chroniques.